Combien de personnes développent-elles une infection associée aux soins ?

Dans les institutions de soins modernes, 5 à 10% des patients développent une infection associée aux soins. D’après une enquête, il ressort qu’en Belgique, environ 7.1% des patients développent une infection associée aux soins durant leur séjour dans un hôpital aigu. Cela représente chaque année plus de 100 000 patients. La situation en Belgique est comparable à celle d’autres pays européens. Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (CEPCM ou ECDC en anglais) a estimé le nombre annuel de patients qui contractent une infection associée aux soins à 4 millions dans les Etats membres de l’Union européenne. Par ailleurs, environ 25000 à 37000 patients seraient décédés à la suite d’une telle infection.

Que sont les infections associées aux soins ?

Une infection associée aux soins est contractée durant la dispensation de soins. Lorsque cela se produit à l’hôpital, on parle d'infection hospitalière ou infection nosocomiale. L’expression « infection associée aux soins » est de plus en plus utilisée.

Lorsque les microbes se fixent pour une plus longue période dans ou sur le corps et qu’ils se multiplient sans causer de dommage sensible ni de gêne pour le patient, on parle de colonisation ou de portage. Il n’est question d’infection qu’à l’apparition des symptômes. Le terme « contamination » renvoie à la transmission de microbes. En cas d’ « inflammation », le corps réagit d’une certaine manière contre les microbes présents.

Une infection peut être causée par des microbes qui étaient déjà présents dans/sur le corps. Mais les microbes peuvent également être transmis d’un patient  à un autre patient. Par exemple, lorsque les soignants ne désinfectent pas les mains au moment opportun. L’hygiène des mains est la méthode la plus simple et la plus efficace pour éviter la transmission des microbes.

Quels sont les types d’infections associées aux soins ?

Les termes « infections associées aux soins » couvrent un large éventail d’infections. Les infections les plus fréquentes sont les infections des voies urinaires, les infections des voies respiratoires, les infections de plaies postopératoires et les infections des voies sanguines (voir figure). Les facteurs de risque d’une infection liée aux soins varient en fonction du type d’infection.

Source: OMS, chiffres pour la Belgique sur base de l'étude de prévalence du ECDC 2011.

 

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Quels sont les microbes qui provoquent des infections associées aux soins ?

Plusieurs sortes de microbes peuvent provoquer des infections associées aux soins. Il s’agit généralement de bactéries, mais également de mycoses/levures (p.ex. Candida) et de virus (p.ex. le virus de la grippe). Les médias diffusent souvent des informations peu précises sur la « bactérie nosocomiale ». En fait, il s’agit d’un large groupe de microbes. Dans les hôpitaux, les infections associées aux soins peuvent être provoquées par des bactéries résistantes à une ou plusieurs sorte(s) d’antibiotiques. Ce sont les bactéries dites « multirésistantes ». Elles contribuent à réduire l’efficacité du traitement aux antibiotiques et donc à augmenter sa durée.

Comment les microbes se propagent-ils à l’hôpital ?

La figure schématise la transmission des microbes par les mains.

Les éléments-clés de la transmission sont les suivants:

  • Surface donneur « A » comprend les microbes « a »

p.ex. : la peau du patient, le lit (le linge du patient), la table de nuit, …

  • Surface récepteur « B » comprend les microbes « b »

p.ex. : la peau/une partie du corps d’un autre patient, le dispositif médical d’un autre patient

  • Pas d’hygiène des mains: une main attrape donc le microbe « a » à partir de la surface du donneur « A » et le transmet à la surface récepteur «  B».
  • Il y a donc infection croisée sur la surface du récepteur « B » avec le microbe « a », en plus du microbe initial « b ».
  • Le patient et/ou son environnement est contaminé par les microbes et cela peut entraîner une infection liée aux soins.

 

Source : My five moments for hand hygiene (H. Sax - Journal of hospital infection 2007)

Les microbes: tous important ?

Nous avons tous des bactéries sur le corps et notamment sur la peau, dans la bouche et dans les intestins. Il s’agit de germes hôtes inoffensifs (également appelés bactéries « commensales ») qui, en principe, ne provoquent pas d’infection. Mais des bactéries pathogènes dangereuses peuvent provoquer des infections. Elles se propagent par exemple par les personnes malades ou par l’ingestion de nourriture contaminée (Salmonelle). Un patient hospitalisé est plus sensible et présente un risque élevé de développer des infections provoquées tant par les bactéries pathogènes que les bactéries commensales. En effet, ces deux types de bactéries infectent plus facilement un patient lorsque celui-ci est affaibli par une maladie, une transplantation d’organe, après une opération ou lorsqu’il a un cathéter ou une sonde urinaire.

Combien de personnes développent-elles une infection associée aux soins ?

Dans les institutions de soins modernes, 5 à 10% des patients développent une infection associée aux soins. D’après une enquête, il ressort qu’en Belgique, environ 7.1% des patients développent une infection associée aux soins durant leur séjour dans un hôpital aigu. Cela représente chaque année plus de 100 000 patients. La situation en Belgique est comparable à celle d’autres pays européens. Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (CEPCM ou ECDC en anglais) a estimé le nombre annuel de patients qui contractent une infection associée aux soins à 4 millions dans les Etats membres de l’Union européenne. Par ailleurs, environ 25000 à 37000 patients seraient décédés à la suite d’une telle infection.

Quelles sont les conséquences des infections associées aux soins ?

Une infection associée aux soins nécessite une mise au point supplémentaire du diagnostic et du traitement, ce qui peut prolonger la durée de l’hospitalisation. Dans les cas graves, l’infection peut entraîner une invalidité de longue durée, voire le décès du patient. Il s’agit souvent de patients vulnérables et/ou très malades pour lesquels l’infection supplémentaire est de trop. Tout cela entraîne une majoration des coûts de santé, tant pour les patients que pour la société.

Il ressort de l’enquête du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) que les infections associées aux soins en Belgique sont à l’origine de 720 757 journées d’hospitalisation supplémentaires, de 384.3 millions EUR de dépenses supplémentaires en soins de santé et de 2 625 décès supplémentaires sur une base annuelle.

Les infections associées aux soins peuvent-elles être évitées ?

Malheureusement, seul une infection sur trois associée aux soins peut être évitée, même en appliquant strictement toutes les mesures de prévention. En effet, parmi les patients hospitalisés, nombre d’entre eux sont très sensibles aux infections. Il s’agit par exemple de personnes âgées affaiblies, de patients dont les défenses sont fortement affaiblies (p.ex. les patients transplantés d’organe ou les patients qui suivent une chimiothérapie) et les patients nécessitant des traitements de pathologies mettant leur vie en danger (p.ex. les patients aux soins intensifs ou dans les sections néonatales). Cependant, il convient de faire tout ce qui est possible pour éviter les infections associées aux soins. A cet égard, l’hygiène des mains est l’une des méthodes les plus efficaces.

Comment les infections associées aux soins sont-elles maîtrisées à l’hôpital ?

Chaque hôpital a une équipe d’hygiène hospitalière. Cette équipe se compose d’un médecin et d’un ou de plusieurs infirmier(s) disposant d’une expertise spécifique en maîtrise des infections. Ils veillent à la prévention des infections associées aux soins à l’hôpital, en collaboration avec le comité d’hygiène hospitalière, le médecin en chef et le chef du département infirmier.

Il ressort de la pratique qu’une politique de prévention efficace contribue à réduire de façon drastique le nombre d’infections associées aux soins. Une telle politique est basée sur des mesures générales de précaution dont notamment l’hygiène des mains, des équipements de protection individuelle (p.ex. des gants) et le séjour d’un patient présentant un risque élevé de contagion dans une chambre séparée. Il existe également des mesures spécifiques afin d’éviter les infections urinaires, les infections du site opératoire, les infections des voies respiratoires et les infections des voies sanguines.

Par ailleurs, une attention particulière est portée à la surveillance des infections associées aux soins, de sorte que les épidémies éventuelles puissent être rapidement détectées et maîtrisées.